Par Pierre-André Taguieff, philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS
(Article paru dans Le DDV n°683, juin 2021)
La politisation des identités collectives s’est opérée suivant plusieurs voies, à la faveur de la montée des ethnismes, des micronationalismes séparatistes et des ethno-nationalismes, de l’émergence du néo-racisme sous ses différentes formes, de la radicalité croissante du militantisme féministe et LGBTQIA+, de l’explosion des fondamentalismes qui politisent les identités religieuses, de la diffusion du multiculturalisme appelant à reconnaître des « citoyennetés différenciées ». Simultanément, l’évocation des identités mémorielles est devenue un phénomène de mode : la rivalité mimétique des revendications identitaires fondées sur les mémoires victimaires s’est banalisée dans l’espace politico-culturel, à tel point qu’on a justement déploré les « abus de la mémoire ».
Les promoteurs de la reconnaissance des identités de groupe, qu’elles soient culturelles (linguistiques, religieuses) ou ethniques, sexuelles ou de genre, nationales ou régionales, voire raciales, ne cessent de se heurter aux partisans d’une stricte neutralité axiologique de la sphère publique à l’égard des particularismes, des identités minoritaires et des « communautarismes ». Cette promotion des questions identitaires dans l’espace des débats et des controverses va de pair avec une crise de l’identité nationale et de l’identité européenne, et, plus profondément, avec une « crise de l’idée même d’identité ».
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