Par Laurent Dubreuil, professeur de littérature comparée, de littérature française et de science cognitive à l’Université Cornell (États-Unis)
(Article paru dans Le DDV n°683, juin 2021)
Aux États-Unis, le terme de « politique d’identité » (identity politics) naît dans les années 1970 et semble imprimé pour la première fois dans un tract émanant du Combahee River Collective, un groupe de femmes noires lesbiennes d’extrême gauche émanant de la région de Boston. On y trouve l’article de foi suivant : « Nous croyons que la politique la plus profonde et potentiellement la plus radicale provient directement de notre propre identité, et non pas de la tâche consistant à mettre fin à l’oppression de quelqu’un d’autre. »
La croyance dans l’existence d’identités séparées, mais éventuellement croisées (« intersectionnelles » dans le jargon du jour), est ici énoncée et permet aux signataires du tract de se présenter « en tant que féministes noires et lesbiennes ». L’idée n’est pas seulement de se situer mais de partir de ladite situation muée en identité et d’en déduire une politique. L’enjeu n’est pas seulement de « faire reconnaître » telle ou telle identité mais bien de reconfigurer la politique même par la préséance d’un en-tant-qu’isme. Étant ceci, je pense et fais cela.
Article Premium
Pour y accéder sans restriction, achetez-le à l'unité !
Accéder à cet article
Accédez à cet article Premium en choisissant un de nos Packs Premium.Vous avez déjà effectué votre achat ? Cliquez sur "Lire".