Par Alain Lewkowicz, journaliste
(Article publié dans Le DDV n°681, décembre 2020)
Octobre 2005 devant l’université centrale des Minorités au nord-est de Pékin dans le district de Haidian. Je venais de terminer un entretien consacré aux musulmans de Chine avec le doyen de cette prestigieuse faculté. Un jeune homme m’aborde, s’inquiétant de savoir si j’étais perdu et si j’avais besoin d’aide. Il n’était pas Han, l’ethnie chinoise majoritaire qui représente plus de 90% de la population. Il avait 20 ans, s’appelait Ahmat, musulman turcophone. Il se présentait comme prince ouïghour du Turkestan oriental, province que les Chinois appellent le Xinjiang, littéralement « la nouvelle frontière », la Région autonome ouïghoure, située à l’extrême ouest de la Chine. Sa « Terre natale ». Un pays fantasmé, sublimé, tant ses souvenirs étaient lointains puisque ses parents s’étaient installés à Pékin lorsqu’il avait à peine cinq ans. Il n’y était jamais retourné mais il serait volontiers mon guide si je décidais de parcourir les près de 4 000 kilomètres qui nous séparaient de sa ville originelle, Kachgar, carrefour des anciennes routes de la soie et berceau de la culture ouïghoure. En attendant, la nuit tombait et il m’invitait à rompre le jeûne du ramadan à Xuanwu, du côté de la plus ancienne mosquée de la ville. Dans les effluves et les parfums de fondues d’agneau, de moutons ou de brochettes pimentées se bousculaient Huis, Ouïghours, Ouzbeks, Kazakhs et Mongols dans un espace qui se réduisait comme peau de chagrin
Article Premium
Pour y accéder sans restriction, achetez-le à l'unité !
Accéder à cet article
Accédez à cet article Premium en choisissant un de nos Packs Premium.Vous avez déjà effectué votre achat ? Cliquez sur "Lire".